Low-Code Founders: Sophie Lordet, fondatrice de Feelead

Dans la tête d’un entrepreneur : notre founder de la semaine nous parle du projet de vie qui la motive au quotidien.

Melanie Bialgues
6 min readSep 29, 2020

Qu’est-ce qui t’a menée à l’entrepreneuriat ?

J’ai commencé ma carrière en étant avocate dans de grands cabinets internationaux pendant presque 8 ans. J’accompagnais les entreprises dans le conseil et le contentieux de droit du travail et de la sécurité sociale, quelque chose qui me passionnait.

Au bout de 7 ans, j’ai eu l’opportunité d’intégrer un laboratoire pharmaceutique et d’occuper diverses fonctions RH. C’était un environnement très changeant et dynamique qui m’a permis d’accompagner des transformations sur des plans techniques et humains, ce qui me plaisait énormément. Je travaillais essentiellement sur l’accompagnement du changement et le développement des compétences.

Malgré les ressources qu’offrait cette entreprise, je portais le constat que nous mettions beaucoup trop de temps, d’énergie et d’argent pour accompagner et développer les gens sans avoir de grands résultats. C’était pour moi une source de frustration que j’ai décidé de ne plus subir.

Comment as-tu eu l’idée de Feelead ?

Au-delà de la frustration, c’est parti d’une appétence particulière pour le développement des compétences. J’avais également envie d’être plus en phase avec mes valeurs, de travailler sur mon propre développement et de permettre à chacun d’en faire de même.

Aujourd’hui, nous sommes dans un monde instable et les entreprises doivent être agiles pour survivre et assurer leur pérennité. J’ai la conviction — et je ne suis pas la seule — que l’agilité d’une passe avant tout par les hommes et les qui la composent, et notamment les managers. Et que c’est avant tout une question de comportement et d’état d’esprit : elle repose sur un set de compétences comportementales et relationnelles telles que l’intelligence émotionnelle, la capacité à donner du sens, une vision, à collaborer, innover, valoriser et développer.

Ce constat est conforté par les recherches de plus en plus nombreuses dans le domaine des sciences cognitives et comportementales et qui, depuis quelques années, viennent bousculer les pratiques dans le domaine de l’apprentissage et de l’accompagnement du changement.

C’est au regard de ces différents constat qu’est née l’idée de l’application FeeLead.

Peux-tu nous présenter ce projet ?

L’agilité n’est pas innée, il est possible de l’apprendre et de la développer. La meilleure façon de générer un véritable changement de comportement est de permettre aux gens de réfléchir dans leur quotidien et d’expérimenter de nouvelles façons de faire. Le problème, c’est que beaucoup des formations proposées sont des one-shot et ne parviennent pas à laisser une trace sur le long terme.

L’application Feelead permet aux managers de se développer de manière autonome, rapide et durable sur leurs compétences comportementales et relationnelles, via des actions concrètes à mettre en place dans leur quotidien.

En d’autres termes, Feelead est une application mobile d’auto-coaching qui encourage un apprentissage par l’expérience tout en permettant de suivre ses progrès. Elle est accessible partout, à tout moment, le manager décide quand il souhaite travailler sur son développement. Dans ces conditions, il est bien plus simple de susciter l’intérêt dans le développement des soft skills.

Qu’est ce qui t’a fait faire le grand saut ?

Il y a eu plusieurs éléments. Tout est parti d’un pari avec des amis, puis j’ai échangé avec des gens autour de moi et je me suis rendue compte qu’il y avait vraiment quelque chose à tenter.

Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est le fait de m’être inscrite à un master à l’ESSEC l’an dernier sur l’agilité managériale. J’ai pu par la suite intégrer l’incubateur de l’école et tout cela m’a permis de préparer le terrain pour le développement de l’application.

Il a fallu passer l’étape du “j’ose” et de “j’y vais, je me lance” pour pouvoir concrétiser le projet et cela a été encouragé par mon besoin de retrouver une certaine liberté d’action et de me reconnecter à ma créativité.

Au final, je dirais que j’ai un peu forcé le destin et les opportunités. A cet instant de ma vie, toutes les conditions semblaient réunies pour que je puisse me lancer, que je rencontre les bonnes personnes qui m’ont aidé à prendre des bonnes décisions.

C’est tout cela qui m’a permis de concrétiser une aventure entrepreneuriale avec un outil digital dont je n’aurais pas cru l’existence possible il y a un an.

Comment as-tu abordé la question technique du développement de l’application de ton entreprise ?

Je trouve l’univers de la tech et du développement passionnant mais je n’y connaissais rien et ai dû beaucoup me renseigner sur le sujet. Des gens travaillant dans le digital que je connaissais m’ont aidé à comprendre les enjeux et la complexité de la tâche.

J’ai continué à prendre de nombreux avis à droite à gauche et, à force d’en discuter, j’ai fini par être orientée vers Cube (ex-Intrafounders) qui s’était rapproché de l’incubateur de mon école.

Il n’est pas toujours facile de déléguer et de faire confiance aux autres pour réaliser son projet, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte et la confiance est pour moi l’un d’eux. J’ai rencontré l’équipe de Cube et ai adhéré avec leur vision agile, nouvelle et humaine de l’accompagnement dans le développement de mon site.

Quels ont été pour toi les principaux challenges dans la création de Fealeed ?

Le plus compliqué a été d’être seule sur le projet. Dans ce cas-là, il n’y personne pour nous dire “c’est bien, il faut foncer” dans les moments de doute. En parler autour de moi et échanger avec d’autres personnes pour aller chercher ce soutien a été pour moi salvateur.

Le fait d’être seule pour réfléchir, prendre des décisions et créer m’a fait me rendre compte à quel point il était important d’être en collectif, de partager, d’échanger, d’avoir des avis et des critiques constructives. Cela permet d’avoir du recul pour mieux avancer.

Il y avait aussi la peur de l’échec que je n’ai pu effacer qu’en parlant avec les gens pour confronter mes idées. Je suis pourtant de nature positive et optimiste, mais j’avais besoin d’être capable de me dire que je pouvais le faire.

Une autre chose a été difficile au début : c’est le fait de prendre de la hauteur par rapport à mon produit. J’étais consciente que l’idée était sympa, attrayante et marrante, mais derrière ça, il fallait que je sois au clair sur ce que ça apportait réellement à l’entreprise. Le plus compliqué (et il m’a fallu du temps pour le comprendre) c’était de savoir ce que je voulais faire exactement.

Il faut être en permanence en train de se remettre en question, se dire que l’on n’est peut-être pas dans le bon chemin. Avoir quelqu’un qui contrebalance son avis avec un point de vue ou une idée différente est très précieux.

J’ai été accompagnée et challengée par mon incubateur pour faire le grand saut. Un jour, on m’a dit d’arrêter de tout préparer en restant derrière mon écran d’ordinateur et de me lancer. J’ai réalisé qu’au pire, je me trompais et que ce n’était pas grave, qu’il y avait matière à relativiser. A mon âge, je suppose que l’on acquiert une sorte de sagesse en la matière.

A présent je me laisse porter, il faut savoir se mettre à l’écoute des opportunités. Parfois, on cherche ce dont on n’a pas vraiment besoin et on trouve ce que l’on ne cherchait pas.

Quel message donnerais-tu aux futurs entrepreneurs ?

Prendre le temps d’écouter les conseils et de réfléchir à son projet final.

Allez au contact des autres, échangez et, surtout, écoutez. Souvent quand on se lance à son compte on est très créatif, on a la tête pleine d’idées, alors on a beaucoup de chose à dire, à partager, au risque de délaisser l’écoute et les retours.

C’est toujours intéressant de voir comment les gens comprennent votre projet. Ce sont rarement les mêmes approches, chacun aurait fait différemment, avec des next steps différentes.

Prendre le temps de digérer aide à se construire sa propre opinion sur la manière d’avancer, l’orientation qu’il faut prendre, le positionnement à adopter etc. Il ne faut pas hésiter à poser les choses à l’écrit, structurer et accepter cette phase de maturation. C’est comme un bon bœuf bourguignon, il faut laisser le temps pour que cela mijote !

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Melanie Bialgues
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Written by Melanie Bialgues

Communication & Marketing Intern at Cube (ex Intrafounders)

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