Low-Code Founders : Nathalie ALEXANDRE, fondatrice d’Alcyone

Dans la tête d’un entrepreneur : notre founder de la semaine nous parle de son combat pour la protection et la légitimation des professionnels éthiques de la santé et du bien-être en France.

Melanie Bialgues
8 min readOct 27, 2020

Qu’est-ce qui vous a mené à l’entrepreneuriat ?

Je n’ai pas créé une entreprise pour être à mon compte ou être indépendante. Je me suis lancée dans ce projet après m’être rendu compte d’une problématique concernant les médecines complémentaires et naturelles (dîtes “médecines douces”) en France.

Je suis moi-même une professionnelle du bien-être avec un master en médecine traditionnelle japonaise. Au cours de l’exercice de ma profession, j’ai constaté que les pouvoirs publics de santé français avaient tendance à vouloir évincer les professionnels du bien-être et à les considérer comme des charlatans.

J’ai fini par comprendre qu’ils avaient leurs raisons après que plusieurs patients m’aient dit avoir mis beaucoup de temps avant de trouver un professionnel du bien-être sérieux. C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il y avait une crise de légitimité de ces professions et qu’il était temps de faire un grand ménage en France.

Après avoir fait ce constat, j’ai mené une enquête pendant deux ans en me rendant à des salons de bien-être et des conférences pour voir de mes propres yeux ce qui se passait et ce qui se disait. Cela m’a confirmé le fait qu’il y avait de tout et n’importe quoi dans les pratiques et qu’il était difficile de faire le tri entre les vrais professionnels et les charlatans. Cela rejoignait donc les observances des pouvoirs publics français qui considèrent aujourd’hui la santé des usagers comme étant menacée par le manque d’encadrement des professions du bien-être et des professionnels en France.

Cela met aussi en danger ces pratiques ainsi que les professionnels éthiques qui les exercent de façon sérieuse pour aider les gens à aller mieux. C’est pour lutter contre cela que j’ai décidé de me lancer dans la première étape de mon aventure entrepreneuriale.

J’ai étudié entre autres les dossiers de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ceux de la Haute autorité de santé, de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), de l’académie Nationale de Médecine et de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) pour pouvoir analyser leurs stratégies et façons de faire sur le terrain lorsqu’ils cherchaient à identifier et mettre un terme aux dérives caractérisées. Malheureusement, j’ai vite compris que leur projet final n’était pas de “faire le ménage” mais de supprimer tous les professionnels du bien-être du territoire et de former les médecins aux approches complémentaires et naturelles via un diplôme universitaire.

A partir de là, j‘ai développé une stratégie afin de répondre à leurs observances et me suis positionnée auprès d’eux en reconnaissant qu’il y avait un véritable tri à faire sur le territoire et en les informant que je souhaitais les aider dans cette démarche. Cette stratégie me permet de référencer et de protéger les véritables professionnels.

C’est comme cela que j’en suis venue à monter l’association qui s’appelle L’Intelligence du Cœur.

Pouvez-vous nous parler de l’association L’Intelligence du Cœur ?

Pour contextualiser, l’intelligence du Cœur, c’est pour moi une intelligence que nous avons tous en nous, en particulier les enfants. C’est une intelligence qui leur permet, même très jeunes, de savoir ce qui leur plaît ou non et ce qui est bon pour eux ou non. Ils sont alors très intègres et très connectés à leurs besoins.

Le but de cette association est de défendre les métiers et les professionnels du bien-être dans un premier temps, puis de promouvoir l’alliance de la médecine conventionnelle avec les approches complémentaires et naturelles dans un second temps. Le patient n’est pas qu’un être fait de chair et de sang, mais également un être pensant, avec des sensibilités et des émotions qui peuvent avoir un impact négatif sur sa santé si une approche plus globale n’est pas mise en place. Nous ne prônons en aucun cas la supériorité des médecines naturelles et complémentaire sur la médecine conventionnelle, mais souhaitons faire reconnaitre l’importance d’une approche globale où les deux médecines œuvrent en synergie pour arriver au meilleur résultat.

L’association référencie aujourd’hui plus de 200 professionnels du bien-être éthiques et responsables, avec des référents par région, département, commune et par pratique naturelle et complémentaire (plus de 400 répertoriées à ce jour).

Malheureusement, la plateforme dont nous nous servons pour recueillir les adhésions des professionnels ne permet en réalité pas de faire le tri entre les vrais professionnels et les charlatans. C’est pourquoi j’ai développé un protocole, le Registre des Professionnel Alcyone (RPA), auquel les professionnels et instituts de formation qui veulent rejoindre l’association sont obligés de répondre. Pour développer ce protocole, j’ai étudié la façon de fonctionner des grandes industries et j’ai constaté que tous ces gens qui avaient des associations agissant sur le terrain faisaient en sorte de les soutenir financièrement par une entreprise. J’ai donc décidé de fonder Alcyone.

Pouvez-vous nous présenter Alcyone ?

Alcyone est une plateforme d’information et de mise en relation des usagers et des professionnels éthiques du bien-être qui a pour but de protéger ces derniers et de promouvoir la reconnaissance de leurs pratiques auprès des pouvoirs publics. A cette fin, le projet Alcyone est porté auprès des instances gouvernementales.

D’un côté, le patient peut avoir accès à des professionnels certifiés et à des informations sur les pratiques complémentaires (comme la thérapie, la nutrition, l’hygiène de vie, les soins ou le sport). D’un autre côté, les professionnels du bien-être peuvent déposer un dossier de candidature en ligne sur la plateforme d’Alcyone (qui comprend leur responsabilité civile professionnelle, leurs diplômes et tous les autres renseignements nécessaires) qui sera étudié et validé ou non. Lorsque le dossier est validé, le professionnel peut alors s’abonner au service et entrer dans la base de données des praticiens auxquels les patients peuvent avoir accès sur la plateforme pour prendre rendez-vous.

Pour être capable de faire un tri efficace entre les professionnels éthiques et les charlatans, j’ai élaboré le registre RPA auquel les professionnels membres de l’association souhaitant être référencés sur la plateforme d’Alcyone doivent se conformer. Cela se fait en prenant en compte leur diplôme, leur école de formation, la présence d’une déontologie ou non dans le cadre de leur travail en plus de d’autres éléments, dont le ressenti que j’ai d’eux lorsque je leur parle (on peut rapidement voir qui est pertinent et qui ne l’est pas, surtout avec l’expérience).

Aujourd’hui, peu importe son diplôme, le professionnel de bien-être est considéré comme un charlatan par les autorités publiques et aucune valeur n’est reconnue à sa formation. Depuis 2018, la DGCCRF a commencé à contrôler les pratiques en envoyant des employés se faire passer pour des patients pour recueillir leurs constatations et les faire parvenir aux pouvoirs publics habilités à mettre en place des recours juridiques ou des condamnations.

Même en répondant au registre RPA, les professionnels de la plateforme ne sont donc pas à l’abri de l’un de ces contrôles ou d’une condamnation. C’est pourquoi il a fallu trouver un moyen de les protéger en légitimant leur activité vis-à-vis des pouvoir publics. J’ai pour cela développé un protocole de mise en conformité de ces derniers avec les exigences juridiques concernant les locaux et les pratiques. L’enjeu est en général lié à la transparence imposée par les lois qui demandent par exemple un affichage des tarifs, le suivi d’une déontologie ou la communication et transmission de certaines informations obligatoires au patient.

Aujourd’hui, je me concentre sur le fait d’apporter de la matière et de la légitimité à mon projet, comme la participation à des conférences ou tables rondes regroupant des personnalités des hautes instances de la médecine conventionnelle (avocats, médecins etc.). Je souhaite que la reconnaissance d’Alcyone vienne des personnes les plus à-même de l’établir.

Le nom Alcyone a une symbolique très forte pour moi, c’est une étoile centrale de la constellation des pléiades qui était vénérée par beaucoup d’anciennes civilisations. Elle représente tous les savoirs et connaissances universelles qui ne sont transmissibles selon moi qu’avec l’intelligence du Cœur.

Comment avez-vous abordé la question du développement de la plateforme ?

J’ai parlé de mon besoin de développement à mon avocat qui m’a orienté vers Cube (ex Intrafounders), dont il est également l’avocat.

J’ai donc contacté Pierre Launay et ai tout de suite eu un bon feeling avec l’équipe. J’ai surtout aimé leur approche d’écoute, leur disponibilité et leur réactivité, ce côté “action-réaction”. Ils mettent un point d’honneur à instaurer une communication saine et sans détours.

Ce n’est qu’après que j’ai pu constater qu’ils avaient recours à la technologie Low-code grâce à la plateforme Bubble.

Quel est le plus gros challenge que vous avez rencontré ?

Le développement de la plateforme d’Alcyone était quelque chose de complètement nouveau pour moi qui n’avait aucune connaissance en développement informatique.

Je me suis rendu compte à quel point il était important de se comprendre sur mes besoins, le cahier des charges et les fonctionnalités que je voulais mettre en place. Il faut penser à tout dès le début et tout doit être détaillé pour que rien ne soit laissé au hasard, cela demande d’être bien accompagné, mais surtout, de bien visualiser son projet dans les moindres détails.

Je pense d’ailleurs ajouter un réseau social à la plateforme très prochainement, ainsi qu’un système de partage de vidéos.

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer à leur tour ?

Lorsque l’on souhaite se lancer dans ce genre de projet, je pense que la meilleure chose à faire est de se poser dans un coin au calme pour se demander à soi-même s’il est porté par notre tête (et notre ego) ou s’il est porté par nos tripes (c’est à dire notre cœur). Si on se rend compte qu’il est motivé par des raisons externes, qui ne sont pas dans le sens du bien commun, le mieux est d’arrêter là. Parce qu’aucun projet ne sera aussi facile et naturel à porter qu’un projet qui vient du cœur. Je pense qu’il est important de se poser la question suivante : est-ce que mon projet répond aux besoins et aux attentes des autres ? Si oui, alors il faut foncer.

Pour dire cela, je me base sur le fait que si on veut recevoir, il faut savoir donner. Il n’y a plus de place pour l’égoïsme et l’individualisme aujourd’hui. Ce qui nous fera avancer, c’est avant tout l’entraide et la bienveillance.

Il est en revanche important de garder son individualité par rapport à son projet, d’en rester suffisamment détaché pour pouvoir le voir de l’extérieur et garder une objectivité vis-à-vis de lui.

Je pense que quand on fonctionne avec cette fameuse intelligence du Cœur, quand on est soi-même et que l’on s’écoute, on se retrouvera toujours au bon endroit au bon moment. Il y a toujours des moments compliqués lorsque l’on gère une entreprise ou un projet comme celui-ci, mais les choses se passeront toujours de façon plus fluide et naturelle quand ça vient du cœur.

L’intelligence du Cœur, c’est le fait de faire les choses en fonction de soi et non en fonction de ce qui se passe dans sa vie. Le plus important est de savoir ce que l’on veut, si on le veut pour les bonnes raisons, si l’on est dans une démarche sincère et ensuite se faire confiance et avancer.

Il y a des lois universelles, en dehors des lois juridiques, physiques et matérielles, et il faut savoir s’en servir. La chance, ça se provoque.

Intéressé par la médecine naturelle et les approches complémentaires ? Inscrivez-vous sur Alcyone : https://alcyone-sante.fr/

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Melanie Bialgues
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Written by Melanie Bialgues

Communication & Marketing Intern at Cube (ex Intrafounders)

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