LOW-CODE FOUNDERS: Margaux Scalisi, fondatrice de Vefaonline
Dans la tête d’un entrepreneur : notre founder de la semaine nous parle du projet de vie qui la motive au quotidien.
Tout d’abord, comment en es-tu arrivée à prendre ce chemin ?
“Avant d’entreprendre, j’ai débuté ma carrière professionnelle au sein de grands groupes spécialisés dans l’immobilier. Alors que j’évoluais dans cet environnement, j’ai rapidement compris que ce que je voulais être et ce que je cherchais professionnellement n’étaient pas en adéquation avec ce que je vivais dans de telles structures.
Je ne veux pas tomber dans le “salariat bashing”, mais il est vrai que j’ai rapidement ressenti un manque d’inspiration dans ces conditions de travail.
Le “manque d’autonomie et d’indépendance”, souvent pointé du doigt et formant un dénominateur commun à de nombreux entrepreneurs, n’a pas été un élément déclencheur de ma volonté d’entreprendre. Par le passé, j’avais dû rapidement assumer de nombreuses responsabilités et cela m’avait appris à travailler de manière autonome (je peux ainsi témoigner que le salariat n’est pas uniquement la caricature qui en est fait).
Là où je veux en venir, c’est que ce sont uniquement les valeurs qui ont été pour moi l’élément déclencheur. Pour de nombreuses raisons, je ne me sentais plus en phase avec les orientations stratégiques et le positionnement de mon management direct. La déconnection entre le discours, sa déclinaison opérationnelle et la réalité du quotidien me heurtait, ne me permettant plus de me projeter dans l’entreprise.
Quel a été le facteur déterminant qui t’a fait faire le grand saut ?
Ayant bénéficié (et bénéficiant toujours) d’une grande autonomie et d’une forte dynamique dans mes précédentes expériences salariales, la liberté tant recherchée par de nombreux entrepreneurs n’a pas été un moteur pour moi. La chose qui m’a vraiment attiré dans l’entrepreneuriat, c’est la possibilité de se dédier à 100% à une idée et de la porter aussi loin que l’on peut. Pour moi, entreprendre ne demande rien de moins que de la passion.
“L’important est de créer les conditions d’une réussite en suivant votre instinct et ne surtout pas se forcer à s’associer avec quelqu’un par convention ou par pression sociale.”
Au moment où j’ai choisi de quitter les grands groupes, j’étais portée par une idée et je me souviens m’être dit : “cette fois-ci, je ne m’arrête pas au stade de la simple idée, je vais l’exécuter et aller jusqu’au bout”. Vefaonline était née.
Peux-tu nous présenter Vefaonline et les circonstances de sa création ?
Vefaonline est une market place dédiée aux ventes de logements achetés par des professionnels de l’immobilier, investisseurs ou gestionnaires. Dans le jargon, on parle de vente en bloc car les professionnels achètent majoritairement en lot, c’est-à-dire plusieurs logements d’un seul coup (très souvent un immeuble).
Pourquoi cette idée ? Eh bien dans une vente, il y a toujours un acheteur et un vendeur. J’ai eu la chance d’exercer les deux fonctions dans mes précédentes expériences professionnelles et ça m’a permis de constater plusieurs difficultés comme par exemple l’accès restreint à l’information et aux nouvelles ventes ou l’augmentation du temps passé aux tâches administratives. Aucun outil ne permettait alors d’optimiser le travail des équipes de développement pour accélérer les transactions.
Même s’il n’y avait pas de réelle concurrence directe sur ce marché, j’ai réalisé qu’il y aurait un très gros travail “d’évangélisation” à faire pour convaincre les parties prenantes de se tourner vers une solution digitale. Le challenge de créer un nouveau marché me motivait fortement : j’aimais cette idée qu’avec la volonté de faire, je pouvais faire bouger les lignes. Il y a 10 ans, l’immobilier a connu une première vague de digitalisation avec la vente en ligne de logements aux particuliers. Le but de Vefaonline, c’est d’amorcer l’acte II grâce à la vente de logement en BtoB.
“Je me suis lancée seule dans l’aventure Vefaonline. Un sacré challenge qui ne m’a pas empêché d’arriver là où je voulais aller : c’est possible, et j’insiste bien sur ce point pour les lecteurs qui hésiteraient à faire le grand saut.”
Pour la fin de l’année 2020, notre ambition donc est de poursuivre le travail effectué et de faire adhérer de nouveaux utilisateurs. Après avoir démontré l’intérêt de plusieurs opérateurs immobiliers, nous aspirons à monter en puissance avec l’objectif de fournir à nos adhérents un dossier de vente par semaine. Nous renforcerons donc notre présence en Ile-de-France jusqu’à la fin 2020.
L’objectif pour 2021 est de nous développer dans d’autres régions de France.
Vefaonline est un projet de grande envergure, quelles ont été les principales difficultés sur ta route ?
Lorsque l’on est une entrepreneuse qui ne vient pas du tout du milieu de la Tech, choisir la bonne stratégie pour aborder la question du développement de la plateforme digitale est compliqué.
Plusieurs questions importantes se sont posées à ce moment-là : fallait-il avoir un CTO ? Recourir à des freelances ? Des Agences ? Choisir un autre format ? Au final, tout devient rapidement une question de budget.
Hésitant à développer l’application par moi-même, je me suis tournée vers les outils “No-code / Low-Code” en pensant qu’il serait plus rapide d’en acquérir la maîtrise. Factuellement, ils se révèlent en effet clairement plus accessibles et faciles à maîtriser que la programmation traditionnelle. Mais malgré cela, même en m’intéressant de près au nouveau langage de développement Bubble.io et son environnement de programmation visuelle simplifiée, cela restait dans son ensemble un “langage” à part entière, avec toute la complexité que cela impliquait pour une non Tech.
J’ai rapidement compris que la courbe d’apprentissage était trop élevée pour moi, menaçant grandement le temps crucial du développement commercial de mon projet. Ma volonté était de rester proche des opérateurs immobiliers et l’idée de travailler à temps plein sur le développement de ma plateforme digitale ne me plaisait pas. Cet état d’esprit est toujours d’actualité chez Vefaonline : la priorité, ce n’est pas la technique mais le client.
Néanmoins, la technologie Bubble.io restait celle qui me permettait de réaliser le plus rapidement mon Minimum Viable Product et ainsi d’avoir un Time-to-Market efficace en comparaison des développements traditionnels demandant des mois et des mois de programmation.
Dans la mesure où les besoins digitaux se multiplient, l’évolution d’un produit est inhérente à tout développement. L’avantage de la programmation visuelle, c’est qu’elle permet d’effectuer des modifications en temps record tout en développant une plateforme robuste.
Il me fallait donc un partenaire de confiance, mais encore fallait-il le trouver ! De nombreuses agences spécialisées sur Bubble existaient déjà aux Etats-Unis mais je souhaitais une réelle proximité avec les équipes de développement.
C’est pour ces raisons que je me suis tournée vers Cube (ex-Intrafounders), une agence française spécialisée sur Bubble qui a proposé de m’accompagner de la conception au développement de mon application.
Ayant un très bon fit humain avec l’équipe, j’ai choisi de suivre mon instinct et nous avons commencé le chantier ensemble !
Selon toi, quelle est la meilleure recette pour entreprendre ?
Je me suis lancée seule dans l’aventure Vefaonline. Un sacré challenge qui ne m’a pas empêché d’arriver là où je voulais aller : c’est possible, et j’insiste bien sur ce point pour les lecteurs qui hésiteraient à se lancer.
En revanche, pour ne pas me retrouver seule face à des décisions nombreuses et une charge mentale trop élevée, j’ai fait en sorte de me créer un entourage professionnel solide et utile à mon développement et celui de Vefaonline.
Au cours de l’aventure, Cube a été et reste aujourd’hui un véritable “CTO as a service” et c’était tout à fait ce dont mon projet avait besoin à ce stade d’avancement. Me forcer à m’associer avec quelqu’un pour bénéficier des compétences d’un CTO à temps plein n’était pas adapté à mon besoin au moment du lancement. J’étais consciente de ne pas avoir encore rencontré la bonne personne pour ça, je n’ai donc pas cherché à poursuivre dans cette direction.
En résumé, il n’y a aucune recette à suivre pour entreprendre, que ce soit seul ou à plusieurs. L’important est de créer les conditions d’une réussite en suivant votre instinct et ne surtout pas se forcer à s’associer avec quelqu’un par convention ou par pression sociale, au risque de s’exposer à des problèmes majeurs dans le futur.
En guise de conclusion, je dirais qu’il faut savoir aller vite pour tester la viabilité un produit et créer un contact et un échange permanent avec ses clients.”
Merci pour ton enthousiasme contagieux, Margaux. Nous te souhaitons bonne chance et beaucoup de réussite !